La grève du mardi 18 janvier dans l'avenir de l'Artois – Notre président à la Une

Quand les retards de train font perdre leur calme aux abonnés du TGV
jeudi 13.01.2011, 14:00

«Je suis plutôt quelqu’un qui a tendance à arrondir les angles mais là, je crois que j’ai décidé de taper du poing sur la table », lâche quelque peu désabusé Sébastien François, Béthunois, utilisateur régulier de la ligne TGV Paris-Arras.

Ce matin-là, il prend en gare d’Arras le train de 8 h 35 direction Paris. Il espère que le train n’aura pas de retard mais il n’y croit plus depuis plusieurs semaines. Si ces retards à répétition l’agacent profondément, il n’en a pourtant pas perdu son sens de l’humour.
Dans son petit sac, il détient une arme très rigolote qui ferait bondir plus d’un agent SNCF. Des tracts, des affiches, et surtout de faux billets de train pour un mouvement original qui aura lieu le mardi 18 janvier.

Des billets plein d’humour
« Comme nous n’arrivons pas à nous faire entendre, nous avons décidé de faire la grève de la présentation de nos billets de train, s’amuse Sébastien François. Attention, cela ne dispense pas les usagers du train de prendre leur billet. Il n’est pas question de se mettre hors la loi. Seulement, nous ne les présenterons pas au contrôleur ».
À la place, c’est un billet plein d’humour que les utilisateurs réguliers de la ligne ont bien l’intention de sortir de leur poche. « Sur ce billet, nous n’avons pas mis l’horaire d’arrivée puisque nous ne savons jamais à quelle heure nous serons de retour chez nous. Et une petite phrase souvent entendue dans le train… excusez-nous pour la gêne occasionnée », commente Sébastien François.
Au-delà des petites blagues, cette action des abonnés du TGV pour Paris est la face visible d’une exaspération croissante depuis plusieurs mois des usagers de la SNCF. « Depuis le mois d’août, les difficultés durent et perdurent. C’est une catastrophe. Les trains ont toujours du retard, cinq minutes, quinze minutes, parfois plus et toujours aucune communication », regrette Sébastien François.
Il y a plusieurs années, exaspéré par les soucis rencontrés sur la ligne, Sébastien François avait créé un collectif pour mieux se faire entendre auprès des instances de la SNCF. « Nous avions eu des relations plus paisibles avec Dominique Normand, le directeur de la ligne à grande vitesse nord. Nous arrivions à nous voir une fois tous les semestres ».
La dernière rencontre entre les usagers et le directeur a eu lieu le 3 décembre. « Dominique Normand a fini par reconnaître que depuis le mois d’août, les difficultés s’étaient enchaînées. Nous devions être indemnisés. Finalement, nous n’avons rien obtenu », s’insurge l’usager du TGV.

Constituer
une association
Les conditions de circulation pendant les fêtes de fin d’année auront fini de le fatiguer et surtout de l’énerver. « On peut comprendre que les conditions météorologiques entraînent des problèmes de circulation, mais il y a aussi, clairement, des problèmes d’entretien des machines et des voies », dénonce Sébastien François.
À bout de patience et pensant à des collègues qui commencent à rencontrer des difficultés dans leur travail et dans leur vie personnelle dues à ces retards récurrents, le collectif a décidé de passer à la vitesse supérieure. « J’ai rencontré le collectif des usagers de Roissy. Nous avons, bien sûr, décidé de nous regrouper et surtout de créer une association. Avec un statut juridique, nous aurons les moyens d’aller en justice. En achetant nos abonnements de train, nous payons pour une prestation de service. Nous aimerions qu’elle soit correcte ».

Cécile STOQUERT

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