Feuilleton du TGV Nord à 20€: et maintenant, la colère des usagers…
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Feuilleton du TGV Nord à 20€: et maintenant, la colère des usagers…
PUBLIÉ LE 28/05/2013
Par H. Fé.
Tout a commencé le mardi 21 mai dernier. Martine Aubry a convoqué dès potron-minet une conférence de presse à Lille pour y dévoiler une nouvelle offre tarifaire sur le TGV Nord, dont on célèbre cette année les vingt ans d’existence. Et la cerise sur le gâteau d’anniversaire, ce serait un aller-retour Lille-Paris à 20 € le samedi ! Un cadeau confirmé par un communiqué de presse du ministère des Transports, dans lequel Frédéric Cuvillier explique que ce serait là le fruit d’un beau lobbying exercé par lui-même et Martine Aubry. On s’étonne quand même de voir la maire de Lille tirer à elle le chapeau de chef de gare, là où on sait que Daniel Percheron, son « camarade » président de la Région, est en guerre ouverte avec la SNCF, dont il dénonce les tarifs prohibitifs…
Mais il y a un autre hic. Le mercredi 22 mai, la SNCF communique à son tour sur cette offre privilégiée, qui serait d’une part applicable au dimanche aussi durant l’été, et qui ne concernerait pas exclusivement les trains au départ de Lille mais aussi les TGV en provenance d’Arras, Lens, Calais, Boulogne, Douai, Dunkerque (…) : décidément, elle est sympa la SNCF ! Enfin, presque. Car dans ce même communiqué, on apprend que l’offre à 20 € est limitée dans le temps. Eh oui : ces billets-là ne seront en vente que du 24 mai au 9 juin pour des voyages du 25 mai au 25 août. La cerise est tout-à-coup un peu pourrie et le gâteau d’anniversaire semble moins appétissant. On parle alors dans nos colonnes d’ « offre survendue », et l’on s’interroge : Martine Aubry le savait-elle ou la SNCF s’est-elle gardée de le lui préciser ?
Jeudi 23 mai, la SNCF se fend donc d’un nouveau communiqué (publié sur le site du Lab d’Europe 1). Sans doute le téléphone rouge reliant le bureau de Guillaume Pépy à celui de Martine Aubry a-t-il chauffé… Il n’est cette fois-ci plus fait mention de limite dans le temps, et l’on parle d’une « offre nouvelle », et non d’une « offre anniversaire »… Sauf que la SNCF n’a visiblement pas mis à jour son site Internet, qui continue de relayer la première version… Et le vendredi 24 mai, la SNCF, qui n’en est plus à une contradiction près, d’expliquer maintenant que l’offre à 20 € cessera bel et bien d’exister le 25 août, mais qu’il y en aura une nouvelle au-delà de cette date… à 30 € ! On imagine la crise piquée par Martine Aubry puisque l’info est démentie quelques heures plus tard. Ce sera 20 €, ad vitam aeternam… !
Sacré imbroglio. Ou plutôt un chouette vaudeville, avec un époustouflant casting, et des rires qui fusent aussi vite qu’un TGV file sur ses rails ! Mais une farce qui ne fait pas marrer tout le monde. À commencer par les associations d’usagers de la SNCF. Et voici pourquoi Christophe Verger-Lecocq pour le CUF Nord – Pas-de-Calais, Arnaud Vanhelle pour Train Life et Gérard Dupagny pour A fond de train, se sont fendus ce mardi d’un communiqué dont les termes ne devraient a priori pas être changés toutes les cinq secondes… : « Nous souhaitions réagir vivement suite aux annonces de Martine Aubry en date du 22 mai dernier portant sur l’amélioration ponctuelle pour la clientèle loisir des tarifs TGV. Nous tenions à préciser que ces déclarations n’ont fait l’objet d’aucune communication ou concertation avec nos associations. Nos transports en commun méritent mieux que ces effets d’annonces. Nous sommes forces de propositions et nous réclamons depuis des mois la mise en place d’Assises du train dans notre région. La réforme du système ferroviaire et son amélioration ne saurait se faire sans les usagers. Nous demandons instamment à nos politiques et à notre ministre en particulier de se ressaisir et de prendre la mesure des enjeux dont ils ont la responsabilité. Nous souhaitons donc que soit initiée rapidement une première réunion de travail entre le ministère, la Région, la SNCF et nos associations afin que l’ensemble des acteurs du train puissent échanger et tendre à l’amélioration de nos transports au bénéfice des usagers. »
Une grève des titres de transports en avril…
En avril dernier, les membres du CUF NPDC avaient manifesté leur colère et leur ras-le-bol en gare d’Arras, avant de refuser de présenter leurs titres de transports aux contrôleurs, une fois embarqués. Des retards quasi quotidiens, souvent sans motifs valables, ne donnant lieu à aucun dédommagement et encore moins à de quelconques excuses ; pire, avec des abonnements qui ne cessent d’augmenter, alors même que le service public leur semble en perdition… : leur liste de griefs envers la SNCF apparaissait alors longue comme un Calais-Vintimille en train couchettes !
Et Christophe Verger-Lecocq d’asséner ce matin-là :Nous avons tenté d’amorcer un dialogue avec la SNCF en amont de ce mouvement. Mais la direction de l’axe TGV Nord ne souhaite pas entamer de concertation et campe sur ses positions. Les vœux pieux et les promesses maintes fois entendues lors de la mise en place du cadencement ne sauraient dorénavant nous satisfaire ». Et de poursuivre :Renards, sangliers, chiens, vaches… Toute la faune semble défiler sur les lignes ferroviaires reliant la capitale à la province ! Sans oublier les travaux et les suicides… On ne compte plus les trains avec des retards, on compte ceux qui sont à l’heure, et c’est rare, fustigeait ainsi celui qui travaille à l’aéroport de Roissy – Charles-de-Gaulle et effectue le trajet cinq jours sur sept depuis plusieurs années.Guillaume Pépy a en quelque sorte institutionnalisé le retard, le rendant normal. Mais on ne peut se satisfaire de ça, surtout quand ça pénalise celles et ceux qui prennent le train pour aller travailler ou étudier. La patience des patrons a des limites ! » Et celle des usagers aussi. On nous promettait que le cadencement allait tout changer, mais il n’en est rien. La dégradation se poursuit. Et nous en sommes plus que jamais les otages », concluait Christophe Verger-Lecocq, évoquant encore les rames bondées, le prix de l’abonnement qui flambe, l’érosion de l’offre…
Après avoir été reçus au ministère des Transports, en décembre 2012, les membres du CUF avaient adressé à la mi-mars un courrier exhaustif de neuf pages à Alain Wacheux, vice-président de la Région Nord – Pas-de-Calais, en charge de l’épineux dossier des transports. Avec l’ambition de le faire notamment adhérer à leur volonté d’instituer des Assises du train, qui rassembleraient autour d’une même tables les associations d’usagers, RFF, la SNCF, des élus et la Région.
Une instance au gré de laquelle leurs revendications pourraient enfin être débattues, et non plus seulement successivement entendues par chacun de leurs interlocuteurs, avant de se perdre dans les méandres de lentes et souvent vaines négociations. Nos propositions sont pourtant concrètes et visent à une optimisation du service souvent à coût zéro pour la SNCF ! », défend Christophe Verger-Lecocq. Qui plaide notamment pour un décloisonnement de la construction de l’offre TGV, TER et Intercités, qui aurait pour vertus de simplifier et fluidifier le trafic, de renforcer l’offre Paris-province et surtout de favoriser une vision plus globale et plus rationnelle des besoin des usagers ! »
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